Le GAMIQ, une fête de la jeune scène québécoise
Karkwa, tête d'affiche
16/03/2009 - Montréal -
Un mois et demi avant la tenue de la 30e édition du protocolaire gala de l’ADISQ, la scène underground québécoise s’est fait sa propre fête, déjantée, le 21 septembre dernier avec le Gala de l'Alternative Musicale Indépendante du Québec. Le groupe Karkwa en est le grand gagnant et rafle trois trophées.Le Théâtre Corona de Montréal, un trésor historique de 1912 sis rue Notre-Dame, dans l’ancien quartier ouvrier Saint-Henri, ne pouvait être mieux choisi pour accueillir le Gala de l'Alternative Musicale Indépendante du Québec (GAMIQ).
La décoration de style espagnol avait été mise en relief par la thématique de cirque préconisée par les organisateurs de cette espèce d’anti-gala - dans la forme, à tout le moins – où métal, folk, chanson et électro ont eu droit de cité.
Un DJ, tantôt accompagné d’un violoniste ou d’un MC, faisait office de chef d’orchestre. Le maître de cérémonie, un comédien reconnu du nom de Rémi-Pierre Paquin s’était pour l’occasion paré façon P.T.Barnum, chapeau haut de forme et veston rouge-cirque.
En lieu et place de la traditionnelle hôtesse assignée aux trophées (des bois d’orignal faits de 33 tours recyclés), un nain. Toute la soirée, de décoiffantes performances : celle du groupe hip hop Gatineau (genre de Beastie Boys en joual), les déchaînés Duchess Says (dans un style électro-art-rock minimaliste), les punks vétérans Ripcordz, la coqueluche néo-folk Krista L.L. Muir…
Autre performance, celle du magicien invité à dévoiler le prix le plus convoité de la soirée : le Panache de l’Artiste de l’année, remis au groupe rock indé Karkwa, dont le plus récent album, Le Volume du vent, est attendu chez les disquaires français en début d’année 2009.
Le gala de l'underground
"Je sens que plusieurs artistes seront heureux de gagner un Panache cette année, surtout ceux qui ont été oubliés par l’ADISQ", avançait Sébastien Charest, directeur du scrutin du GAMIQ. L’événement en était à sa troisième édition seulement, après avoir pris le relais du MIMI’s (l’Initiative musicale indépendante de Montréal), soirée aussi célèbre pour ses efforts dans la reconnaissance du talent local que pour son côté bric-à-brac…
La solidification de la scène indépendante musicale québécoise, suivie par l’émergence de musiciens québécois sur la scène internationale – de Arcade Fire à Malajube, en passant par The Dears, Champion, We Are Wolves ou les Georges Leningrad – a fini par rendre caduque le gala MIMI’s qui, au bout d’une dizaine d’années d’existence, a passé le relais aux organisateurs du GAMIQ, mieux structurés, plus motivés. La transition a eu du bon : le gala de l’"underground" a même réussi à ébranler celui de l’establishment québécois (le gala de l’ADISQ), qui, aujourd’hui, se montre plus réceptif aux artistes traditionnellement boudés par les radios commerciales.
Au terme de la soirée, c’est le groupe Karkwa qui a le plus brillé, remportant trois prix Panache dans les catégories Artiste de l’année, Auteur-compositeur de l’année et Album indie rock de l’année. Le jeune groupe indie pop Bonjour Brumaire, piloté par le chanteur et guitariste Youri Zaragoza (un expatrié français), a eu la surprise de remporter celui de Découverte de l’année, après avoir lancé un premier album, intitulé De la nature des foules. Côté chanson, l’auteur-compositeur-interprète Philippe B (par ailleurs guitariste de Pierre Lapointe), a coiffé au finish les estimés Monsieur Mono et Krista L.L. Muir pour remporter le prix Album Chanson de l’année, grâce à Taxidermie, son deuxième effort solo.
Le groupe Malajube a remporté le prix Carrière internationale de l’année, et Duchess Says, une jeune formation remarquée au Festival d’été de Québec où elle a remporté un prix Miroir pour la qualité de ses performances live, a mis la main sur le prix Spectacle de l’année.
Philippe Renaud