Cocoon, de retour à la maison

"Welcome Home", l'album de Cocoon © Universal

Après un impressionnant succès international, le groupe français est de retour avec un troisième album Welcome Home. Mark Daumail est seul aux commandes, mais bien entouré. Un opus né dans un hôpital bordelais et mûri au pays de la folk.

La réussite des deux premiers albums de Cocoon a-t-elle changé beaucoup de choses ?

Cela change la vie puisque tu trouves un métier. C’est un peu dur de dire cela de la musique, mais c’est vrai ! Je me destinais à faire de la radio. Cocoon était signé sur une maison de disque indépendante, Sober & Gentle, et nous espérions vendre 3000 exemplaires de notre premier album [150 000 ventes en France à l’époque, NDLR].

Je pense que nous sommes arrivés avec le bon son au bon moment, en 2006-2007. Cette douceur, ce mélange des voix… Après la vague rock, il y a eu un retour au cocooning, au folk avec des artistes comme Moriarty ou Yael Naim.

Morgane Imbeaud, la moitié de Cocoon, n’est plus là…

Il y a eu un hiatus. En 2012, après six années de succès et de tournées, nous étions, Morgane et moi, très fatigués. Nous vivions quasiment 7 jours sur 7 ensembles sans être un couple. Nous avions envie de faire autre chose.

À la base, nous n’étions pas destinés à faire de la folk toute notre vie. J’avais envie d’essayer de composer du rap, de la musique électronique, des musiques de film, de la musique pour d’autres artistes… Ce que j’ai fait ces dernières années. J'avais besoin de me diversifier. J’en avais marre du son de Cocoon.

Ce nouvel album est apparu un peu par hasard, dans des circonstances dramatiques…

Je suis devenu papa en 2014, mais mon fils est né avec des malformations cardiaques. Ma femme et moi avons traversé un tunnel pendant quelques mois, nous étions en permanence à l’hôpital de Bordeaux, un peu comme dans le film La Guerre est déclarée de Valérie Donzelli. Nous y avons rencontré des gens dont la vie était détruite.

Nous avons eu la chance que notre enfant guérisse. J’avais amené une guitare dans la chambre de notre bébé, cela pouvait faire du bien à tout le monde. Sans m’en rendre compte, j’ai écrit la moitié d’un disque dans une chambre d’hôpital ! Ces six chansons écrites à l’hôpital sont les plus joyeuses que j’ai jamais composées, comme I Can’t Wait ou Get Well Soon.

Pour quelle raison un album solo sous le nom de Cocoon ?

J’ai fait écouter ces six chansons à mes proches et tous m’ont dit que c’était du Cocoon. J’ai alors appelé Morgane, mais elle était en pleine préparation de trois projets en solo, elle ne voulait pas participer à ce disque. Elle est occupée par ses projets personnels jusqu’en 2019.

Pourquoi avoir enregistré cet album aux États-Unis ?

Lorsque j'étais à l'hôpital, j'écoutais beaucoup les disques de Matthew E. White et de Nathalie Prass, qui ont été de petites bouées de sauvetage. Ainsi est venue l'idée des États-Unis. J'ai envoyé un e-mail à Matthew, qui m'a dit de débarquer chez lui en Virginie.

Mais avant, étant donné que j'avais enregistré les maquettes des chansons chez moi à Bordeaux, j'avais vraiment envie d'enregistrer ma voix avec quelqu'un qui puisse me coacher.

À Berlin, j'ai travaillé avec Martin Gallop, qui collabore avec des stars comme Adele ou Katy Perry. C’est important d’enregistrer et de corriger les textes ou l'accent avec un anglophone lorsque l'anglais n’est pas ta langue maternelle. Nous le faisions déjà avec Morgane. Mais là, j'ai enregistré les voix à Berlin avant d'aller enregistrer à Richmond, avec Nathalie Prass, une chorale gospel, des cordes, des cuivres...

Comment s'est passé l'enregistrement en Virginie ?

J'ai beaucoup délégué. Pendant deux semaines, nous avons fait plusieurs versions de mes douze titres, je suis revenu en France avec 5 ou 6 heures de musique et j'ai trié, choisi, et ordonné.

Les deux premiers albums avaient été enregistrés à Londres…

Dans la musique que nous faisons, nous admirons beaucoup les musiciens américains. Lorsque j’ai contacté des artistes pour des collaborations, j’ai toujours obtenu des refus.

Là, je me sentais enfin adoubé, cela fait un bien fou. Il a fallu que mon écriture soit empreinte de plus de maturité. J'ai été surpris par le niveau des musiciens américains qui ont la trentaine, comme moi. La scène folk française tente de les imiter. Cette fois, je me sentais pile dans l'œil du cyclone.

Une chanteuse bordelaise collabore sur quatre titres...

J'ai rencontré Thea à Radio Campus à Bordeaux, elle y anime une émission juste avant la mienne et chante. Je présente Melancholia sur Radio Campus, une émission qui propose les musiques les plus tristes possible. Après cet album, je vais produire le disque de Thea sur mon label, Yum Yum. Je suis tombé amoureux de sa voix comme j'étais tombé amoureux de celle de Morgane.

Pourquoi avoir fait appel à Esther Pearl Watson, une peintre de Los Angeles ?

L'album avait besoin d'un peu plus de féminité et elle apporte une touche enfantine, folk et naïve qui colle à l'univers du disque. Elle a réalisé 13 tableaux, un pour chaque chanson et un pour la pochette de l'album autour de l'idée de maison. Ce disque parle de la famille, de moi en tant que père mais aussi comme fils, de mes grands-parents, de ce que l'on laisse derrière soi, de généalogie...

 

Cocoon, Welcome Home (Barclay) 2016. 

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