BB Brunes, retour aux sources

BB Brunes retrouve ses premières amours dans son dernier album "Visage". © Elektra/Warner Music France

On se rappelle d’eux à leurs débuts, "bébés rockeurs" encore sous l’influence de The Clash. 12 ans plus tard, les BB Brunes retrouvent leurs premières amours avec un 5e album en forme de retour vers le futur. Dans un café parisien, le chanteur Adrien Gallo et le guitariste Félix Hemmen affichent une trentaine épanouie. Adrien est papa depuis peu, mais il ne sera pas question de bébé – blues - ici, plutôt du disque qu’ils ont enregistré live sous le regard du producteur Samy Osta.

RFI Musique : Dans cet album, comme dans beaucoup de disques de rock aujourd’hui, on ne sait pas trop dans quelle époque on est. Était-ce une volonté pour vous de mélanger toutes les époques ?
Adrien Gallo : C’était une volonté de puiser dans plusieurs décennies et de ne pas faire uniquement référence à une seule époque. Je trouve justement plus intéressant de brouiller les pistes, d’avoir des réminiscences yé-yé, mais d’être aussi extrêmement 70, parfois 80, de se balader entre les époques. Mais ce n’est pas forcément réfléchi. On mélange les choses instinctivement et on les joue de cette manière.

Ce cinquième album s’appelle Visage. Pourquoi ce titre ?
Félix Hemmen : C’est le titre du premier morceau, c’est aussi le premier titre qu’Adrien a écrit.
Adrien Gallo : Il a ouvert la porte à d’autres morceaux et on aime bien ce mot. On trouve que ça peut correspondre à tous les visages qu’on voit sur scène depuis des années. Depuis la scène, tu ne vois que des visages partiellement éclairés. C’est le premier retour qu’on a en concert. Et puis, on aime dire que c’est notre vrai visage. C’est un retour à l’essence de BB Brunes. C’est-à-dire quatre personnes qui sont dans une pièce, qui jouent sur des vieux amplis et de vieilles guitares, et qui essaient de sortir quelque chose de tout ça.

Comment s’est faite la photo qui apparaît sur la pochette ?
A. G. : On avait envie de mouvement. La pochette de notre album précédent était très posée, mais cela allait bien avec son esthétique pop. Cette fois-ci, on avait envie de quelque chose de plus spontané, à l’image de la musique. Au début, on avait juste l’idée de courir devant l’objectif et prendre des "flous". Finalement, on a essayé cette sorte de bagarre, et on aimait bien les multiples interprétations qu’on peut en avoir. On ne sait pas si on est vraiment en train de s’engueuler, de se chamailler ou de rigoler. Cela peut aussi monter les relations dans un groupe qui, parfois, sont conflictuelles ou sont celles de trois copains. On ne sait pas trop ce qu'il se passe, il y a plusieurs lectures possibles, comme les paroles où l’on peut donner plusieurs sens à certaines phrases. Ça nous plaît que les choses ne soient pas figées, qu’il n’y ait pas une seule signification.
F. H. : C’est vrai que l’idée de groupe est importante pour nous. On aime se le rappeler et le mettre en avant. Aujourd’hui, il y a plein d’artistes solo qui font de la musique électronique tout seuls avec leur ordinateur. Nous, on est un groupe de potes, qui fait de la musique depuis plus de dix ans, ensemble.

La physionomie du groupe a d’ailleurs changé. Vous avez réintégré Raphaël Delorme, qui a été votre premier bassiste, et votre batteur, Karim Réveillé, n’est plus là. Pour quelles raisons est-il absent ?
A. G. : Il n’est plus là pour des raisons de santé, des raisons personnelles. Après, ce n’est pas exclu qu’il revienne dans le groupe, on n’est pas fermé à ça.  Il faut juste qu’il se soigne, qu’il aille mieux et qu’il ait la forme.
F. H. : Officiellement, il est toujours dans le groupe, il n’est jamais parti. On a un remplaçant qui fait les concerts. Il peut revenir au prochain album, sur la tournée. On attend.

Côté paroles, ça n’a pas trop changé en douze ans de carrière. On parle toujours de filles et le ton reste assez léger. Pourquoi avoir gardé cela ? À 30 ans, on n’a pourtant pas la même vision de la vie, il y a peut-être plus de noirceur …
AG. :
Quand on a 30 ans ?  Moi, je dirais le contraire ! En tout cas, je ne pense pas que ma vision ait énormément changé, je ne pense pas avoir énormément changé non plus. J’aime bien garder un style, une écriture que tu peux reconnaître. Après, ce n’est pas forcément voulu. On aime bien parler d’amour parce que c’est la chose la plus importante pour nous. Les thèmes qui reviennent beaucoup, c’est le temps qui passe, l’hédonisme et en opposition, la solitude, et puis l’amour.

Mais souvent, les choses qui pourraient être un peu plus graves viennent en creux des chansons et...
A. G. :  Les mélodies sont enjouées. On aime bien mettre des paroles parfois tristes sur des musiques joyeuses. Le but ce n’est pas de plomber les gens. Ça aide la musique, c’est salvateur. C’est sûr que je n’en serais pas là sans ça. C’est fait pour éviter les petits coups de blues. On a vraiment envie que notre musique ait cette fonction de meilleur ami. Ce n’est pas forcément être feel-good, on peut se retrouver dans des sentiments moins joyeux. Mais au moins, on n’est pas seul dans ce sentiment-là. La musique accompagne très bien une solitude.

L’image que vous avez, celle de rockeurs qui font danser les filles vous convient-elle ?
F. H. : Bah ouais, complètement !
A. G. : Bien sûr. Moi, ça me va très bien de faire danser les filles ou les garçons. Si ça n’avait été que des garçons, ça ne m’aurait pas dérangé non plus. Tant qu’on fait danser les gens, c’est cool ! Le but ultime, c’est rendre les gens heureux ou de les aider à travers la musique. Je pense que c’est cela, la joie du truc. Et puis, quand c’est en direct, que tu es sur scène et que tu vois les gens danser, ça fait encore plus plaisir.

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BB Brunes Visage (Elektra) 2019