113

A croire que le 113 avait affiché un portrait du député François Grosdidier en studio pendant l’enregistrement d’Universel. Fin 2005, ce parlementaire avait porté plainte contre le groupe (entre autres) pour "incitation au racisme et à la haine. "* Sur cet album, le trio de Vitry-sur- Seine remue le couteau dans la plaie et laboure les thèmes de prédilection du rap de rue : éloge de la vitesse au volant sur (l’excellent) Accélère, banalisation de la fumette avec Demain j’arrête, évocation complaisante du gangstérisme (Canicule). Le titre d’introduction, Une prise, arrive même à juxtaposer dans son refrain les termes "Universel" et "Fuck you", soit une conception très originale du rapprochement entre les cultures…

Mais le groupe ne se contente pas d’enfiler ses thématiques éculées. Les Vitriots proposent notamment une réflexion bien sentie sur le système de la garde à vue en France (G.A.V.) ou un duo étonnant (mais finalement cohérent) avec le chanteur Benjamin Biolay.

Avec ce quatrième disque et après plus de quinze ans de carrière, Rim-K, Mokobé et A.P. démontrent avant tout leur savoir-faire en matière de tubes à danser. Sans a priori, le groupe pioche dans une large palette (électro, rap, raï, zouglou, …) afin de rassembler les communautés.

Flavor Flav, emblème déglinguée du mythique Public Enemy, intervient sur un We be hot aussi téléphoné qu’entraînant sans compter les autres Dinguerie, Dubaï et Bledi. Même si le groupe n’évite pas quelques redites (comme cette nouvelle collaboration avec Magic System), Universel est un album avant tout taillé pour les pistes de danse. Il ne manquerait qu’une bonne polémique pour propulser ses ventes à des hauteurs stratosphériques.

* Plainte finalement jugée irrecevable