Koriass enflamme le Festival d’été de Québec 2019

Koriass sur la scène du Festival d'été de Québec 2019 © Marie-Hélène Mello/RFI

En Amérique du Nord, peu de festivals musicaux peuvent se vanter d’exister depuis 1968. Retour sur la finale du 52e Festival d’été de Québec, un week-end marqué par une fiesta colombienne survoltée, une soirée malienne grandiose et une messe hip hop québécoise avec l'incontournable Koriass.

Entamée le 4 juillet dernier, l’édition 2019 du Festival d’été de Québec – le FEQ, pour les intimes – a présenté 11 jours de musiques en tous genres, réparties sur 10 scènes extérieures et intérieures de la Capitale nationale. Au total, plus de 250 spectacles ont été proposés à tous ceux qui s’étaient procuré le laissez-passer unique donnant accès à la totalité du festival.

Il y avait beaucoup de nouveautés au niveau de l’organisation cette année. D’abord, l’événement inaugurait une série de concerts tardifs offerts chaque soir (les "Afters FEQ", avec notamment Milk & Bone, Alaclair Ensemble et… Village People) à l’emblématique Manège militaire de Québec. Le FEQ lançait également une scène extérieure relocalisée (place George-V) et une première formule d’entrevues avec des artistes devant le grand public.

Systema Solar : danse sous la pluie

Jeudi dernier, c’est l’explosive formation colombienne Systema Solar qui a volé la vedette aux artistes présentés sur les plus grandes scènes (la sensation r'n'b canadienne Daniel Caesar et la chanteuse Mariah Carey, entre autres). Les orages violents n’ont pas empêché les festivaliers de tous âges de répondre à l’appel à la danse lancé par la troupe de Baranquilla. L’ambiance était familiale, festive et ultra chaleureuse, malgré le temps anormalement frais.

Il a suffi d’une première chanson pour que le parterre de la place d’Youville prenne vie, sous une pluie d’électro-funk et de rythmes afro-antillais. Un batteur, un scratcheur (d’une impressionnante agilité, malgré son bras en écharpe!) et deux chanteurs-animateurs de foule hors pair : la recette était terriblement efficace. Le concert de Systema Solar nous a fait visiter la cumbia, le hip hop, la house et la musique folklorique colombienne, comme si ce mélange allait de soi. Une grande découverte.

Salif Keita, la puissance vocale du maître

À l’approche de ses 70 ans, et à l’issue de 50 ans de carrière, le chanteur malien Salif Keita a déclaré qu’Un autre blanc, son album lancé l’an passé, serait son dernier. Mais il suffisait de voir comment il occupait sa scène extérieure du FEQ vendredi pour avoir bien du mal à y croire. L’artiste était très attendu par les masses de mélomanes qui affluaient dans toutes les directions, tant sur le site affichant complet, que dans les rues adjacentes.

© Marie-Hélène Mello/RFI
Lors du concert de Djely Tapa au Festival d'été de Québec 2019.

Programmé tout juste après la talentueuse Djely Tapa, une cantatrice québécoise d’origine malienne, le maître a été chaudement acclamé dès son entrée en scène. Bien entouré par ses musiciens hors pair et deux choristes, le prince de la musique mandingue resplendissait, tout de blanc vêtu. De Mama à Tekere ou La différence, il s’imposait avec sa force calme, mais peu loquace, détournant à quelques reprises l’attention du public vers Mamadou Diabaté, qui a épaté avec son jeu de kora (notamment pendant un magnifique intermède mettant en valeur sa virtuosité).

Au sommet de son art, avec sa présence fascinante, voire magnétique et – surtout – sa puissante voix qui résonnait partout dans le Vieux-Québec, l’illustre Salif Keita a démontré qu’il éprouve encore un immense plaisir à revisiter son répertoire devenu légendaire. Un moment de magie et de grande générosité qui, on l’espère, ne sera véritablement pas le dernier.

Koriass fête le "rap queb" en bonne compagnie

Le FEQ a cette année déplacé sa seconde plus grande scène pour pouvoir accueillir jusqu’à 15 000 spectateurs. Une riche célébration du hip hop québécois s’y tenait le samedi 13 juillet, réunissant sept artistes très différents les uns des autres, dont le rappeur Koriass, venu défendre son album La nuit des longs couteaux, paru l’an dernier.

C’est ainsi qu’on a vu défiler sous un soleil de plomb Robert Nelson (d’Alaclair Ensemble), la célébration des 20 ans de carrière du Montréalo-Haïtien Sans Pression et la jeune rappeuse Naya Ali, seule figure féminine du programme rap. La nouvelle scène du festival (tristement dépourvue d’ombre, en pleine canicule) était ensuite prête pour ce Koriass tant attendu, qui s’est fait plaisir en revisitant une décennie de hits avec DJ Manifest, son batteur et son claviériste.

Majoritairement composé de titres du plus récent album (dont J-3000, Cinq à sept, Éléphant et Ennemis), le spectacle impeccable du rappeur a prouvé qu’il mérite encore une place au sommet de la scène rap du Québec. Excellent animateur de foule, rempli de générosité pour son public, Koriass n’a toutefois pas hésité à saluer ses fans de la première heure.

Le parterre, qui s’est densifié juste avant l’arrivée du rappeur malgré la chaleur accablante, a en effet pu entendre Montréal-Nord et Blacklights, ainsi qu’une version remixée de Devenir fou (tirée de Rue des saules). Les emblématiques Garde ta job et St-Eustache ont aussi évidemment résonnées à la place George-V, interprétées par Koriass et son fidèle acolyte Bobby One. Une solide prestation, qui s’est terminée en beauté avec Enfant de l’asphalte (du premier album, Petites victoires), dont le couplet final a été chanté par le public du FEQ.

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