Didi B, le rap ivoire en haut de l'affiche

Didi B. © Coast 2 Coast / 92i Africa

Didi B qui s’est imposé comme le parrain incontestable du rap ivoire, d’abord avec Kiff No Beat et maintenant en solo, a dévoilé son premier album History ces jours derniers. Celui qui se fait appeler "Mojaveli" a annoncé la couleur de cet opus le 19 mars dernier lorsqu’il a publié le premier titre, History, produit par Dany Synthé.

RFI Musique : l’album History est votre deuxième projet solo après Mojo Trône 1 paru en 2013, mais vous le présentez comme le premier album de votre carrière. Pourquoi cette distinction ?
Didi B :
Alors pour la petite histoire, Mojo Trône vient de mon surnom Mojaveli. Que j'ai moi-même emprunté à Macchiaveli. Pas l'humaniste florentin, mais plutôt 2Pac. Et donc, c’est mon premier album, MojoTrône History, car le premier projet MojoTrône 1, c’était une mixtape. Je n’ai jamais fait d’album en fait. Donc la distinction est faite.

Vous teasez ce projet depuis 2018. Il aura fallu attendre quatre ans avant que Mojo Trône 2: History ne voie le jour. Peut-on encore dire qu’il sagit de la suite logique de Mojo Trône 1 ?
En réalité, on n’a pas attendu 4 ans, mais on a attendu dix ans. Et justement, c'est la suite logique de Mojotrône 1 d’abord parce que les gens ne savaient pas que j'allais produire un volume 2 vu que j'étais en groupe (Kiff No Beat, ndlr). Cela occupait déjà tout mon temps. Mais en même temps, ça valait le coup d'attendre, de commencer ma carrière solo directement, puis d’envoyer un premier album de qualité.

Revenons à la genèse de History. Cet album multitempo est totalement inédit. Hormis les titres Arafat et History, on ne retrouve aucun des singles sortis précédemment (Game de Djai ou encore On a pris balle). Une stratégie volontaire qui entre dans le processus de création. Pourquoi ce choix ?
Alors, ce que vous devez savoir, c’est qu’à la base, je voulais sortir un double album. Mais on s’est dit que c’était peut-être trop tôt pour ça et que certains titres seraient passés inaperçus. Du coup, on a sorti certains titres qui ne figurent pas dans la version définitive de Mojo Trône II. Et puisqu’on ne voulait pas remettre les mêmes titres qui étaient déjà sortis en single, on s’en est servi pour assurer la promotion de l’album qui est actuellement sur toutes les plateformes. Mais retenez que l’idée de sortir un double album est toujours dans ma tête. Il y aura une deuxième partie. Disons une réédition avec des titres inédits encore. Restez câblés.

Côté collaboration, on note la présence des artistes locaux Josey, Black K et SDM. Là aussi, une volonté de mettre en avant les talents du pays ?
Mettre en avant… Non. Je vais plutôt dire que j'ai invité des artistes que j'aime bien. Ce sont des personnes avec qui je m’entends super bien déjà. Et puis voilà, on s'aime, on sait ce qu'on veut, quand on se voit, on parle toujours. Ce sont des amis. Ce ne sont pas des collaborations en mode "sur un coup de tête", mais ça vient plutôt du cœur.

À travers certaines punchlines bien senties, vous semblez vous adresser particulièrement à certains détracteurs du rap ivoirien qui vous reprochent de faire un rap d’ambiance et non pas un rap conscient ?
Ils disent n'importe quoi (rires). Ça me fait rigoler. Je prends ça comme un compliment. En fait, dans l’album, il y en a pour tout le monde. Il y a des titres qui clashent et d’autres qui sont plus calmes. C’est du Didi B authentique. S'ils ont un seul rappeur qui pense me défier, qu’ils l’envoient sur le tatami, on ne va même pas rigoler (rires). Ils savent très bien eux-mêmes. Ils veulent juste se faire remarquer.

Rendre hommage à DJ Arafat est apparu comme une évidence pour vous dans cet album ? Lui qui a laissé une empreinte non négligeable dans la musique urbaine ivoirienne…
Bien sûr ! Arafat, c'est notre idole de jeunesse, notre devancier, il était un précurseur. Et moi, en tant que petit frère et ami, il fallait que je lui rende hommage. Même de son vivant, quand on ne se parlait plus, je continuais de lui envoyer des messages où je lui disais "laissons tomber". Ça m’a fait mal que ça se passe comme ça et je voulais lui rendre hommage, c’est tout.

Vous êtes le premier rappeur à avoir signé avec le label 92i Africa de Booba. Beaucoup plus qu’un symbole, c’est un tournant pour votre carrière. Que représente cette signature pour vous ? Comment s’est faite la connexion entre vous et les équipes de 92i ?
Comme vous le constatez, je suis content et à la fois débordé. Tout se passe tellement bien. C'est magnifique. Ce sont eux qui m'ont contacté au travers de Juliette Fievet. En plus, moi, j’étais déjà fan de Booba depuis de nombreuses années. J’ai trouvé l’offre intéressante. Puis j’en ai parlé avec Coast 2 Coast (son label de production, ndlr) et on s’est lancé. Tout va bien.

LAfrique francophone a adopté vos textes en français et en nouchi depuis le succès de Assinie. Aujourd’hui, l’ambition avec History est de toucher de nouveaux territoires ?
Oui, bien sûr. C'est ce que je vise, je suis en train de bosser pour ça. J’aimerais vraiment arriver à me développer en Afrique anglophone, au Nigeria ou au Ghana par exemple. Je reste ouvert à toutes collaborations avec des artistes du continent pour toucher un public plus large. Mais je ne me mets pas la pression. Si ça vient, tant mieux.

Après avoir fait salle comble pour la Realease Party au Palais de la Culture, quelle est la perspective pour Didi B après History ? De nouvelles collaborations internationales ? Emmener le rap ivoire sur le toit du monde ?
Une chose est sûre, on croise les doigts pour ça. J’ai déjà dix dates calées pour une mini-tournée en Afrique avec un sponsor. Je promets encore beaucoup plus de surprises, surtout avec la deuxième partie de l’album qui arrive. On va gérer. Je serai d’ailleurs bientôt de retour à Paris et je pourrai vous annoncer la suite des évènements. Restez bien câblés au calme !

Didi B History (92i Africa) 2022

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