Pierpoljak

Au terme d’une longue période jamaïcaine grâce à laquelle il a bâti son succès, le chanteur français Pierpoljak tente de revenir sur le devant de la scène avec son nouvel album Légendaire Sérénade marqué par un reggae davantage acoustique.

"Qu’est-ce qu’est devenu Aimé ?", questionne d’emblée Pierpoljak en a capella."Il est mort", répond-il aussitôt en chargeant ses mots d’une intensité solennelle. Si les toutes premières paroles d’un album ont pour fonction, entre autres, de donner envie d’aller plus loin dans l’écoute, il est peu fréquent qu’elles plombent autant l’atmosphère. Au-delà de l’éventuelle continuité qu’on pourrait voir dans cette pesanteur avec le précédent disque du chanteur français qui s’achevait par C’est fini ("Je sens venir la fin"), l’auteur de Je fais c’que j’veux manifeste visiblement toujours quelques réticences à céder aux sirènes du formatage.

Ce qu’annonçait en 2006 l’album Je ne blesserai personne se confirme à travers les douze nouveaux enregistrements de Légendaire Sérénade : le reggae made in Kingston s’éloigne un peu plus, au profit d’une formule souvent plus acoustique qui ramène Pierre vers la chanson française.

Ses liens de longue date avec les Antilles réapparaissent aussi, que ce soit à travers Aimé en hommage à Césaire ou la présence à ses côtés du bassiste guadeloupéen Thierry Fanfant, déjà sollicité par le passé et revenu cette fois avec son frère Jean-Philippe à la batterie.

Entouré d’une poignée de musiciens, le chanteur trouve indéniablement de belles mélodies et sa plume sait être efficace, surtout dans un registre ironique. J’me comprends tout seul combine ces éléments de façon optimale, mais le titre même du morceau reflète également un nombrilisme tant prononcé que, sur l’ensemble du CD, il en devient exclusif et donc contreproductif. A trop jouer la carte du personnel et de l’intime, Pierpoljak offre parfois un accès limité à son univers.

Pierpoljak Légendaire Sérénade (Barclay/Universal) 2010

En tournée en France à partir de début mars.
En concert à Paris le 8 avril à la Cigale