Eiffel, le retour en grâce
Tournée d’été intensive, ventes de disques en hausse : depuis la sortie de leur nouvel album, À tout moment, en octobre dernier, tout sourit enfin à l’ambitieux quartet bordelais. Il y a deux ans, le groupe de Romain Humeau était pourtant passé par toutes les turbulences possibles, de la rupture de contrat suite à l’insuccès de Tandoori aux changements de personnel. Les explications avec le chanteur et leader, croisé au festival de Dour en Belgique.
C’est devant une foule clairsemée mais conquise qu’Eiffel, loin de ses bases, met le pied sur la grande scène de Dour. Le set est rodé, mais suffisamment énergique et habité pour que le charme opère. Après les chausse-trappes de la tournée Tandoori en 2007, le groupe semble comme libéré sur scène. "Cette tournée a une saveur différente, parce qu’elle marche mieux, explique Romain. Pour l’avant-dernier album, notre maison de disque n’avait, selon nous, pas assez soutenu le disque, et cela minait un peu notre tournée."
Alors qu’il vient d’écumer la plupart des clubs de France et des festivals importants, le groupe recueille aujourd’hui les fruits de sa ténacité. "Le sentiment de gâchis est passé. Nous avons exactement ce que l’on mérite : rien d’énorme mais déjà 80 concerts derrière nous, un Zénith et une quarantaine de clubs à la rentrée. La fierté d’avoir un public fidèle au rendez-vous."
Côté disque, l’embellie se confirme avec À tout moment, quatrième album studio du groupe. Sans l’appui d’une grande maison de disque et sans rien céder à leurs exigences, Eiffel vient d’en écouler plus de 30 000 exemplaires. "C’est très encourageant pour un groupe de rock français comme nous, dans le contexte actuel de l’industrie du disque", explique Romain Humeau.
Une combativité retrouvée
Lui et ses acolytes reviennent pourtant de loin : une rupture de contrat avec EMI en 2007, suivie par deux ans de "galères". Paradoxalement, l’épreuve de l’indépendance les a aidés à rebondir : "On s’est mis encore plus en difficulté financière avec la construction de notre studio mobile à Bordeaux, ajoute Romain. On a pourtant eu raison de descendre très bas pour remonter haut. Nous ne dépendons plus de personne : je produis moi-même les disques d’Eiffel, avec nos propres moyens."
Cette combativité retrouvée résonne en partie dans les hymnes pop-rock du dernier opus, leur plus fédérateur à ce jour. Exit les ambiances plombées de Tandoori. La formation, enfin stabilisée avec le retour du batteur Nicolas Courret après six ans d’absence, a repris de l’allant. "Notre musique est devenue plus ouverte, lumineuse, même si notre propos est le même depuis nos débuts : une sorte de désespérance positive."
Le public ne s’y trompe pas : le single frondeur À tout moment la rue fait déjà partie des classiques repris en chœur par les fans… Et par Bertrand Cantat lui-même, inspirateur et ami de longue date, invité en voisin sur l’enregistrement "après une de nos ballades à vélo" précise-t-il.
Avec un cinquième album déjà prévu pour janvier 2012 et la promesse d’une nouvelle tournée, l’avenir d’Eiffel ressemble bel et bien à une éclaircie.
En tournée jusqu’en décembre dans toute la France, en Belgique et en Suisse, le 15 octobre 2010 au Zénith (Paris)
Eiffel À tout moment (Pias) 2009