Rinôçérôse ne veut pas écorner son image

Le duo Rinôçérôse.

De Benicassim au générique de l'émission de télévision Touche pas à mon poste, Rinôçérôse affiche plus de 20 ans de musique. Le duo revient sur son impressionnant parcours à l’occasion d’un nouvel album, Angels and Demons.

RFI Musique : Rinôçérôse est né en 1994. Quel est votre public aujourd'hui ?
Patou Carrié :
On ne sait plus trop qui est notre public, à part en Espagne où nous avons beaucoup de fans, grâce au festival Benicassim, qui nous a invités cinq fois. En 2005, le titre Cublicle tiré de l’album Schizophonia a été utilisé pour une publicité Apple. Nous avons séduit un public beaucoup plus jeune que celui qui nous connaissait par notre premier album, Retrospective. Et cela nous a ouvert des territoires comme le Japon. En revanche, nous étions déjà connus aux États-Unis grâce au festival monté en 2001 par Moby dans 17 villes américaines.
Jean-Philippe Freu: Nos deux premiers albums ont été bien défendus par la presse française, comme les Inrockuptibles, Trax ou Magic. Notre public avait alors le même âge que nous, la trentaine. Puis la publicité Apple nous a beaucoup aidés, notre label a touché beaucoup d’argent à l’époque, on n’en a vu qu’une infime partie… La musique ne nous a pas rendus riches. Notre fille est née au même moment que Rinôçérôse, en 1994, elle a aujourd’hui 22 ans, notre public a son âge ou le nôtre.
P.C.: Comme les Anglais du groupe Primal Scream, au bout de 20 années d’existence, nous ne sommes plus toujours au sommet, mais il semblerait que nous soyons assez attendus avec ce sixième album.

… Grâce au générique de l’émission Touche pas à mon poste ?
P.C. :
J’avais proposé par mégarde le titre Fighting the Machine à une société spécialisée dans le placement de musiques dans des pubs ou des génériques télé. Je n’avais jamais vu cette émission, qui utilise ce titre depuis près de 5 ans, et je n’aime pas trop son présentateur, Cyril Hanouna. Ma fille m’appelle un jour et me dit : "Maman tu as copié le générique d’Hanouna !". On se souvenait que l’on avait autorisé Direct 8 à utiliser ce titre, mais la chaîne ne nous versait aucun droit d’auteur ! C’est devenu le premier extrait tiré de notre album, mais être associés à cet animateur ne nous a pas servis…
J.-P.F. : Tu dis cela parce que tu es parisienne, en province, je suis une idole ! (rires) C’est vrai que ce filou représente le degré zéro de la culture en France. Bnann Watts, le chanteur du groupe The Infadels —qui nous accompagne depuis nos débuts— chante sur ce titre : "Nothing’s gonna change our lifestyle",  rien ne nous fera changer notre style de vie. On aurait préféré que les Indignés espagnols ou les rassemblements français contre les attentats se l’approprient…

Comment en êtes-vous venus à former Rinôçérôse ?
P.C. :
Nous faisions partie d'un groupe de pop et nous étions très fans de la progressive house anglaise : Andrew Weatherall, the Aloof, le label Boys Own Records… Nous étions tous les deux psychologues de métier et avions monté Rinôçérôse pour le plaisir. Nous avons rapidement été programmés aux festivals des TransMusicales de Rennes et de Benicassim, ce qui nous a évité de repasser par les petits bars ou les petites salles de concert.

Votre découverte de l’électro ?
P.C. :
Une de mes meilleures amies habitait Londres. Son compagnon, Wiz, était réalisateur de clips. Il avait tourné un court-métrage, Weekender, consacré au clubbing et aux drogues. Cela a été une révélation, nous avons compris qu’il y avait un lien entre le rock et la musique électronique. C’était en 1990.

Est-ce que Rinoçérôse est un duo ?
J.-P.F.
 : Nous avons composé nos premiers titres tous les deux sur un enregistreur quatre pistes. Ensuite est venue l’envie de jouer notre premier album sur scène avec des musiciens. Le groupe est resté le même en concerts. Il n’y a pas de création collective, nous composons à deux ou trois, avec le chanteur Bnann Watts. Les situations de création collective mènent vite aux conflits. Et depuis le début, nous voulions durer. Nous avons récemment divorcé, ce qui explique le temps que cet album a mis pour sortir ou ces différents titres un peu violents ou plus calmes.

Que faites-vous en dehors de Rinoçérôse ?
J.-P.F. 
: À l’origine, nous étions tous deux psychologues de métier. Je suis prof à Montpellier et désormais à la Haute École de Musique de Lausanne, où intervient aussi Nicolas Godin du duo Air. J’y enseigne la dynamique de groupe dans le contexte de création.
P.C. : Je suis directrice dans un label de musique à l’image à Paris.

Vos projets ?
P.C.
 : Nous avons participé à la création du spectacle de danse The Machine Show avec le chorégraphe anglais David Massingham. Notre groupe joue tandis que 13 danseurs sont sur scène. Je rêverais de composer un opéra rock…
J.-P.F. : Je ne savais pas que tu étais mégalo ! (rires)

Rinoçérôse Angels and Demons (Station 5/Space Party) 2016

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