La poésie envoûtante de Rodolphe Burger

Rodolphe Burger. © Julien Mignot

Près de dix ans après No Sport, l’ex-leader de Kat Onoma revient avec un quatrième album solo, good. Un disque nocturne et chamanique, centré sur des poésies en trois langues glanées chez des auteurs tantôt proches (Cadiot, Alféri), tantôt classiques (T.S Eliot, Goethe…).

Quelques crépitements de percussions électroniques, un piano souffreteux et lointain, et cette voix caverneuse qui susurre les premiers mots de la chanson titre, Good, repris de Samuel Beckett. "I belong in the present, Time passes, This is winter", exprimés tels des mantras tout au long de ce titre en forme de montée lente et sinueuse. Ici, le climat s’installe et prend à la gorge en quelques notes, en quelques mots.

C’est là l’une des qualités majeures de ce disque de Rodolphe Burger trempé dans le blues originel, de facture classique, mais ouvert à l’expérimentation, énigmatique et littéraire, tout en restant charnel.

Le travail sur les textures sonores et la production, signés Burger et son acolyte Christophe Calpini (pour les sons électroniques), rappelle parfois le classicisme sensuel des Canadiens de Timber Timbre, ou plus loin de nous, le blues vaudou et décalé de Marvin Pontiac (double fictif de l’Américain John Lurie).

On peut, parfois, se sentir perdus dans les méandres de ces textes fragmentaires et énigmatiques repris chez T.S Eliot (Wasteland), Goethe (An der Lili, en allemand dans le texte), ou Olivier Cadiot ou Pierre Alféri, deux collaborateurs réguliers du chanteur alsacien. Mais l’interprétation juste et hantée de Rodolphe Burger, guitare et voix, y insuffle suffisamment de proximité, de sensualité.

Mention spéciale à Hard Times, sublime reprise de Skip James, grand bluesman du Delta dont Rodolphe Burger semble être, ici, l’humble héritier. 

Rodolphe Burger good (Dernière Bande) 2017

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