Kassav' dans Couleurs Tropicales
Avant leur neuvième Zénith les 4 et 5 mai prochain, Jacob Desvarieux et Jocelyne Beroard étaient les invités de Claudy Siar dans Couleurs tropicales sur RFI le Jeudi 26 avril dernier dernier. Interview des deux piliers de ce groupe, qui est au zouk ce que les Wailers sont au reggae.
Depuis 1985, année de leur premier concert dans cette salle, "Kassav au Zénith" est devenu un véritable rite d’initiation pour les plus jeunes et un rituel pour les amateurs de zouk, pour qui KASSAV, c’est le zouk ! ! !
Kassav, c’est vingt années d’une fabuleuse carrière au cours de laquelle ils ont inventé et porté au pinacle ce rythme aujourd’hui reconnu aux quatre coins de la planète. Près de 30 000 personnes ont replongé dans les meilleurs moments de cette aventure les 12 et 13 juin 1999 à Bercy lors de leur 20ème anniversaire. L’événement en 2001, c'est le retour sur la scène du Zenith les 4 et 5 Mai.
L’occasion de revenir sur quelques temps forts de l’histoire de Kassav, la référence mondiale du zouk. Fondé en 1979 par Pierre Edouard Décimus et Freddy Marshall, aussitôt rejoints par Jacob Desvarieux et Georges Decimus, Kassav est au Zouk ce que sont les Wailers au Reggae. Après l’avoir inventé, Kassav a fait connaître le Zouk aux quatre coins de la planète. Aujourd’hui, l’œuvre du groupe se repartit sur une douzaine d’albums collectifs-sans compter les nombreuses œuvres en solo, une vingtaine, de ses multiples membres-et quelques albums " live " de leurs différents spectacles. Car la notoriété du groupe s’est surtout bâtie autour de leur prestation scènique. De véritables moments de communion où le charme de Jocelyne Beroard et le charisme de Jacob Desvarieux agrémenté par le jeu séducteur de Patrick-Saint Eloi sont d’une efficacité redoutable.
Pour Jocelyne Beroard, la scène est d’autant plus fondamentale que les membres du groupe ont été sélectionnés au départ sur la base de leur capacité à tenir la scène en plus de leur apport en studio. La reconnaissance internationale du groupe intervient en 1988 avec une Victoire de la Musique qui fait de Kassav le meilleur groupe de l’année. La même année, l’album Vini Pou est vendu à plus de 300 000exemplaires.Ce qui vaut au groupe un disque de platine. Kassav est la premier groupe des Antilles françaises à recevoir cette distinction. Plus tard, cet album sera cité par George Clinton comme une référence. L’année suivante, en 1989, l’album MAJESTIC ZOUK est double disque d’or. Kassav offre trois concerts à Leningrad et entre dans l’histoire comme le premier groupe d’origine africaine à se produire en ex-URSS.
En 1991, George Decimus se sépare du groupe remplacé, par Frédéric Caracas. Entre 1993 et 1998, Kassav reçoit plusieurs trophées sur le continent africain où il se produit régulièrement dans des stades de 30 à 90 000personnes comme à Luanda. Alors qu’on disait le groupe un peu essoufflé, les deux concerts anniversaire de Bercy, ont prouvé que la magie Kassav produit toujours son effet. Indiscutablement, Kassav reste une redoutable machine à faire la fête, à danser. Largement servi par une section cuivres impeccable au jeu très funky, Kassav a appliqué au cours de ses derniers spectacles, une belle recette qui met le public en émoi. Inévitablement !
Décontraction, enchaînement de tubes et puis les mythiques trois pas de côté qu’exécutent Jacob, Jocelyne, Patrick et Jean-Philippe. Parions que les 4 et 5 Mai le scénario sera identique. N’empêche que pour Jacob Desvarieux et Jocelyne Beroard, le rendez-vous a beau être le 9è de la série, il demeure un vrai challenge pour l’un des groupes préférés de Miles Davis.
Entretien
RFI: Après tant d’honneur, tant de récompenses, et le magnifique Bercy pour les 20 ans, est-ce-que les membres du groupe ont toujours la même fougue , la même appréhension quand ils vont rencontrer le public ?
Jocelyne : J’ai l’impression que c’est de pire en pire ! L’angoisse est totale. Plus tu avances dans ta carrière, plus tu apprends que le public n’est jamais acquis. Au début de ta carrière, tu y vas avec insouciance, sans te poser trop de questions. Ensuite quand tu réussis à te hisser à un certain niveau, il faut pouvoir t’y maintenir et là commence le challenge. Surtout que les peaux de bananes ne manquent pas. Aussi sommes-nous obligés de faire attention et surtout d’être plus généreux.
RFI:En première partie de votre spectacle au Zenith, vous avez invité Kaysha…c’est un peu l’homme du zouk r’nb, le zouk nouvelle génération et on sait que vous n’êtes pas très d’accord avec cette appellation…..
Jacob : On n’est pas d’accord avec beaucoup d’appellations mais qu’importe ! A propos du Zouk R’nB, c’est l’utilisation que d’autres en font qui m’agace. C’est la façon dont cela est dit. Le problème c’est qu’il ne faut pas qu’à un moment donné, ça devienne de r'n'b zouk !
Jocelyne : Ce qui est effrayant, c’est ce désir quasi intense de vouloir annuler le côté réel, le côté authentique du Zouk. Ce pourquoi on se bat depuis le début, c’est défendre notre culture, apporter au reste du monde notre culture. Et ce qui nous embête, c’est que nos enfants, aient tendance à dévaloriser notre patrimoine en considérant qu’une autre culture est plus forte. Alors que dans toutes les cultures, il ya toujours quelque chose de bon à préserver et à partager avec les autres.
RFI: A chaque concert de Kassav, on écoute forcément les tubes inoubliables, on écoute aussi les extraits d’album en cours, mais ces derniers temps on assiste à un regain d’intérêt pour les années 80…c’est une vraie fièvre ! Et on se demande si dans votre tour de chant au Zenith, vous allez satisfaire ceux qui attendent cela de vous !
Jacob : De manière générale, non ! Puisqu’il y aura toujours quelqu’un pour trouver qu’on aurait dû jouer tel ou tel titre. Même après les 4h de Bercy, il s’en est toujours trouvé pour nous dire qu’on n’a pas joué tel autre tube à son avis incontournable. On fera de notre mieux en 3h.