Le MaMA, un rendez-vous festif et professionnel

Depuis sa création, il y a six ans, le Marché des Musiques Actuelles (MaMA), lové au cœur d’un quartier parisien emblématique, riche en infrastructures musicales – Pigalle/Montmartre (XVIIIe )–, a su s’imposer comme l’un des rendez-vous professionnels majeurs en Europe.

Au menu de l’édition 2015, les chiffres annoncent d’emblée la multiplicité des pistes à explorer : en trois jours, le MaMA propose ainsi pas moins de 124 concerts sur 15 lieux, 50 conférences et débats (ateliers, keynotes, speed-meeting…) pour 4350 professionnels – tourneurs, bookers, producteurs, artistes, etc. – issus de 65 pays.

 

Pour bien comprendre la philosophie et la nécessité du MaMA, il faut revenir aux prémisses, et écouter ce constat établi, fin des années 2000, par Daniel Colling, producteur de la manifestation, et Fernando Ladeiro-Marques, son directeur, respectivement cofondateur et Directeur de la Communication du Printemps de Bourges.

 

Ce dernier raconte : "Face à l’afflux de professionnels dans la capitale du Berry, nous avons décidé d’organiser des débats, des cocktails, des tables rondes… Autant d’activités spécifiques, qui se tenaient au détriment des concerts ! Pour contrer ce désagrément, nous avons lancé, à Bourges, en 2009, une version 0 du MaMA, 48h00 avant le festival. Dès 2010, il nous a pourtant paru judicieux d’organiser l’événement à Paris, ville attractive, au rayonnement international".
 

L’export, une réponse à la crise

Le MaMA répondait surtout à un besoin croissant, au sein d’un secteur sinistré, comme il l’explique : "La musique, en pleine mutation, traverse une crise indéniable. Dans ce contexte, il était important qu’au-delà d’échanges purement numériques, les acteurs, en provenance du monde entier, se rencontrent en chair et en os, tâchent de trouver ensemble des solutions, imaginent des directions à emprunter."

 

Surtout, l’"export" des musiques constitue un élément de réponse évident, aux problématiques que rencontrent les artistes : "Nous tâchons ainsi de nous adresser aux marchés émergents, raconte M. Ladeiro-Marques. Après un focus sur l’Afrique du Sud en 2013, la Chine en 2014, nous recevons cette année, de nombreux représentants du marché indien pour appréhender leurs problématiques propres." De belles tournées ont ainsi pu émerger grâce au MaMA, qui voit sa fréquentation s’accroître d’édition en édition.  

M@MaInvent : à l’assaut des nouvelles technologies

Désormais indispensable, l’événement accueille cette année deux nouveautés. Ainsi, au Trianon, centre névralgique de la manifestation, se tiendra le M@MA Invent, un nouvel espace d’innovations technologiques. Au programme notamment, la présentation de nouvelles applications pour smartphones, de bracelets intelligents LED, de logiciels de video-mapping intuitifs, etc.

"Pour contribuer à sauver le secteur, l’innovation se révèle primordiale, dit Fernando Ladeiro-Marques. Pourtant, il existe une étrange déconnexion entre le monde de la technologie et celui de la musique. J’invite ici les développeurs de nouveaux outils multimédias, à venir rencontrer une manne d’utilisateurs potentiels."

Autre nouveauté, et non des moindres, pour la mouture 2015 ? La création du Pass 1 ou 3 jours, qui donnent accès à tous les concerts, dans toutes les salles, et permet au public d’apprécier, pour un prix doux, tout l’éventail de couleurs, de nuances, et de sons du festival ! Car la programmation, axée "musique actuelle", révèle comme chaque année, un bel éclectisme, avec environ 50% d’artistes français et 50% d’étrangers. "Nous avons un spectre large, mais nous privilégions des artistes qui possèdent déjà une capacité à l’export", exprime le directeur.

Une kyrielle de voyages musicaux

Du 14 au 16 octobre, les spectateurs pourront ainsi, sur les pentes douces de la Butte Montmartre, dans la folie d’un Pigalle, goûter – entre autres – les boucles électro d’Aaron, les escapades orientales de Natacha Atlas, les paysages ciselés de Blick Bassy, les grains de désert de Terakaft, ou ceux du Couscous Clan de Rachid Taha.

Ils pourront s’enivrer de la nostalgie des Innocents, de la poésie précieuse de Pain Noir, des effluves chaloupés d’Inna Modja, des envolées électro-hip hop-reggae de Tom Fire, ou encore voyager sur le groove imparable des Congolais Mbongwana Star, sur les mots doux du Canadien Philemon Cimon, ou la transe d’Acide Arab, etc. Bref, trois jours aventureux, pour tous les amoureux de musiques, conjuguées au présent !