Femua, l’avenir en musique
Le Femua, le Festival des Musiques Urbaines d’Anoumabo se déroule du 1er au 6 avril à Abidjan. Cette 7e édition se veut résolument tournée vers l’avenir, entre partis pris artistiques affirmés, entre actions sociales et rêve d’expansion, une belle aventure à la mesure du groupe qui l’a initiée, Magic System.
C’est un homme pressé. C’est le patron ! A’Salfo, le fringant leader du célèbre groupe Magic System, ambassadeur de bonne volonté de l’Unesco est aussi le maître incontesté du Femua, le Festival des Musiques Urbaines d’Anoumabo qui se déroule du 1er au 6 avril en Côte d’Ivoire.
Il répond aux questions des journalistes, organise les plateaux des artistes invités, reçoit les officiels et s’active tous azimuts pour que cette manifestation soit une belle réussite, à l’image de la carrière de Magic System, groupe internationalement reconnu.
En presque 20 ans de carrière, le groupe a dû concilié parfois avec difficulté, les impératifs d’une carrière qu’il veut internationale, et les réalités ivoiriennes : « Gérer cela est difficile, je ne vais pas mentir, raconte A’Salfo. Des Ivoiriens, des Africains trouvaient que Magic System leur avait tourné le dos et qu’on s’était beaucoup occidentalisé. On avait deux publics différents. C’était vraiment dur mais ce qui nous a aidés, c’est que nous sommes toujours revenus au pays malgré nos tournées. Même si on ne donnait pas de concert, on signalait toujours notre présence quand on était là. Le lien de sang est resté, le lien d’amour aussi. Ces dernières années, les publics ivoiriens et africains ont compris que nous étions dans une logique de rencontre avec d’autres styles. L’équilibre entre les deux publics, c’est le plus difficile ».
A’Salfo sait d’où il vient d’abord, en sachant tout autant où il va. «Je suis né à Anoumabo, c’est de là qu’est partie l’aventure Magic. On a voulu être reconnaissant à ce village qui nous a vus naitre, qui nous a vus grandir et qui nous a soutenus dans nos moments de difficultés. Donc, c’était bien de vouloir donner un concert devant cette population et lui dire : voila vos enfants sont partis, ils ont grandi. Nous, on vient à vous et chaque année, on va vous donner ce concert. » D’où l’idée d’un grand festival qui rassemble aujourd’hui à Anoumabo (qui compte tout de même 68.000 habitants) mais aussi dans d’autres quartiers d’Abidjan, de grandes pointures de la musique africaine et française comme Amadou et Mariam ou Youssoupha, mais aussi de jeunes talents en devenir pour qui le festival pourrait servir de tremplin.
Magic System sait aussi quelles sont les difficultés quotidiennes rencontrées par ses compatriotes, notamment dans le domaine de la santé et de l’éducation. « Ce qui s’est développé en même temps que le festival, c’est tout l’aspect social, défend A’Salfo. On a pu construire une école, réhabiliter le dispensaire du village et cette année, on va poser la première pierre d’une école maternelle » Des ateliers ont aussi été organisés auprès des jeunes sur divers sujets, car comme le dit A’Salfo, « le social, c’est aussi partager le savoir ».
Autre cheval de bataille de l’ambassadeur de bonne volonté de l’Unesco , « Paix et cohésion en Afrique ». « On veut réunir tout le monde autour de ce thème. On veut mettre tout le monde d’accord et c’est la culture qui peut le faire. On s’est dit que c’était un créneau que nous pouvions utiliser pour réconcilier tous nos concitoyens et je crois que ça marche. Quand le Femua arrive, on oublie nos divergences politiques et on se retrouve pour une seule cause, le social et le bien être »
Les ambitions affichées d’Asalfo de faire du Femua, un rassemblement panafricaniste avec pourquoi pas, des déclinaisons dans d’autres pays du continent africain, rendent compte d’une volonté farouche de mettre en avant les talents et les projets qui peuvent apporter une pierre à l’édifice du développement africain. Une idée portée par la culture et que le « grand frère » Alpha Blondy qui se produit le 5 avril au Femua ne peut que soutenir.
Alpha Blondy, une tête d’affiche impliquée
Le reggaeman qui s’apprête à reprendre une tournée internationale nous reçoit chez lui, à Riviera. Dans son studio Meteor où se côtoient au mur, des Disques d’or (Masada, ou Jerusalem), des photos officielles, dont une avec le président Houphouët-Boigny ou des photos familiales, il compose en ce moment, les morceaux de son prochain album.
Alpha Blondy n’hésite pas à les faire écouter au visiteur : Séchez vos larmes, la Lumière, Les querelles inter-minables, une reprise de Bob Marley, etc. autant de titres que le chanteur n’est pas sûr de garder au final mais pour lesquelles il fait venir de France ses musiciens, avec lesquels il joue depuis de nombreuses années. Ce sont les mêmes avec qui il assurera le set du Femua avec quelques incontournables comme Multipartisme ou Cocody rock.
Car Alpha reconnait le travail des initiateurs du Femua : «C’est génial de faire un festival comme celui-là dans un quartier comme Anoumabo. Il faut que l’Afrique arrive à briller grâce à des évènements aussi porteurs que le Femua. Il faut encourager ce genre de projets. Quant A’Salfo m’a demandé de participer au festival, j’ai dit ‘no problemo’. Je veux contribuer à la convalescence de la Côte d’Ivoire et apporter ma petite pierre à cet édifice qu’est le Femua.»
Après plusieurs décennies de carrière, de multiples tournées, de nombreuses rencontres, Alpha Blondy reste sensible à la fidélité du public qu’il ne prend jamais pour acquise. Pour ce festival, il rappelle que sa gratuité permettra à de nombreux jeunes, qui d’habitude n’ont pas accès à ce type de concerts, de pouvoir écouter des artistes aussi connus qu’Amadou et Mariam ou Pierrette Adams. Un élément essentiel dans le dispositif de ce festival qui veut faire le trait d’union entre la culture et le public, entre les générations, entre les composantes politiques de la société ivoirienne et africaine. De quoi donner l’occasion à Alpha Blondy d’écrire encore quelques chansons…
Site officiel du FEMUA
Page Facebook du FEMUA
A écouter : la spéciale FEMUA de Couleurs Tropicales (03/04/2014)