
Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXe siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.
Réalisation : Nathalie Laporte
Retrouvez la playlist de l'Épopée des musiques noires sur Deezer
Le samedi vers toutes cibles à 14h30, vers Afrique haoussa à 21h30
Le dimanche vers Afrique lusophone à 17h30, vers Prague à 18h30, vers toutes cibles à 22h30. (heures de Paris)
Hommage à Tina Turner
Née Anna Mae Bullock, le 26 novembre 1939 à Nutbush (Tennessee), Tina Turner a été l’une des premières femmes afro-américaines à entrer dans l’univers du rock. Si sa voix portait toute l’identité gospel et soul d’antan, elle se distinguait grâce à son attitude, sa fougue naturelle, son énergie irrésistible. Dès les années 60, sous l’impulsion de son futur époux, le guitariste Ike Turner, elle se révèle et fascine son auditoire.
À l’époque, le marché discographique n’est pas encore suffisamment adulte et progressiste pour célébrer à sa juste valeur une artiste noire. La ségrégation raciale ne permet pas aux talents prometteurs d’émerger à l’échelle internationale. Le rhythm & blues est une forme d’expression nouvelle qui suscite pourtant la curiosité et l’engouement d’un public de plus en plus réceptif aux sonorités trépidantes héritées du swing des origines. L’impatience du redoutable Ike Turner de pouvoir jouir de son véritable savoir-faire le conduit à des excès. Sa consommation de substances fort décapantes ne lui interdisent plus aucune limite et son désir de briller dans le feu des projecteurs le pousse à demander toujours plus à la jeune Tina qui se retrouve progressivement prisonnière d’un intraitable chef d’orchestre. Pendant 20 ans, leur relation ne cessera de se dégrader. La violence de leurs échanges aboutira à un divorce. Tina Turner n’exigera qu’une seule chose : conserver son nom de scène !
Au tournant des années 80, elle doit se réinventer, proposer un nouveau spectacle suffisamment scintillant pour séduire les foules. Le disco inonde les ondes radio et, bien qu’elle tente de se fondre dans ce paysage aseptisé, elle réalise très vite qu’elle n’est pas à sa place. Il faudra le soutien de Mick Jagger, David Bowie, Rod Stewart, pour que l’espoir renaisse. Le petit monde du show-business se souvient subitement de cette étincelante chanteuse qui avait enthousiasmé les amateurs de soul-music authentique 10 ans plus tôt. Un simple 45T va décider de son sort. Elle adapte le classique du révérend Al Green, Let’s stay together. Nous sommes en 1983. Sa tessiture unique rejaillit subitement et sa destinée s’accélère. En l’espace d’une décennie, son aura la propulse au sommet des hit-parades, elle se produit dans des salles de spectacles de plus en plus prestigieuses, bientôt dans des stades. Sa notoriété est au zénith et le restera jusqu’à sa disparition.
L’histoire de Tina Turner est celle d’une femme combative qui n’a jamais renoncé. Sa force de caractère a fait face à l’indifférence, au manque de considération, à l’injustice sociale et artistique. Elle a bataillé pour exister, pour croire en elle, pour contredire la fatalité. Tina Turner nous a quittés le 24 mai 2023. Elle avait 83 ans.
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