Dans le sillon des musiques actuelles du monde, SessionLab pose un regard curieux sur des artistes au parcours singulier. Hortense Volle s’invite à domicile ou sur les chemins de la création (studio, salle de spectacle, tourbus…), pour tisser un portrait sensible où les artistes prennent le temps de se raconter. Une conversation en toute intimité et en audio 3D, au cœur des musiques et de leurs créateurs. 

Journaliste : Hortense Volle ; Réalisation : Benjamin Sarralié 

Mixage 3D en Dolby ATMOS pour une écoute immersive au casque : Jérémie Besset
 

Responsable d'unité de production FMM-RFI Labo : Xavier Gibert

Horaires

Toutes cibles, le dimanche à 16h10 Heure de Paris

Le rêve d’unité de la virtuose de la kora Sona Jobarteh

Sona Jobarteh dans SessionLab © RFI

Première femme à connaître un succès international avec un instrument habituellement réservé aux hommes, Sona Jobarteh, deux albums à son actif, est également engagée dans la réforme du système éducatif de son pays, la Gambie. Rencontre, à Paris, avec une artiste et activiste de 40 ans, bien décidée à questionner les mentalités pour mieux penser l’avenir de son continent.

Sona Jobarteh est née en Angleterre, le pays de sa mère, et a passé son enfance entre l’Europe et la Gambie, le pays de son père.

Héritière d’une des plus grandes familles de griots d’Afrique de l’Ouest, Sona Jobarteh apprend la kora dès l’âge de quatre ans auprès de son frère. Et ce n’est qu’à l’adolescence, après avoir étudié la musique classique occidentale dans de prestigieuses institutions, qu’elle décide de s’y consacrer pleinement, d’en explorer avec modernité et une élégante virtuosité toutes les dimensions.

Pour vous conduire jusqu’à cette artiste aussi brillante qu’exigeante, l’une des rares joueuses professionnelles de kora et la première à connaître un succès international avec cet instrument habituellement réservé aux hommes, nous aurions pu partager notre traversée de Paris en métro. Mais son ambiance était bien trop éloignée de la voix suave de Sona Jobarteh. Sur Badinyaa Kumoo (2022), son 2ème album, elle s’enroule en langue mandingue autour des 21 cordes de son instrument pour évoquer le rôle et la condition des femmes ou encore l’accaparement du pouvoir par les anciens au détriment de jeunes plus qualifiés.

Nous aurions pu également vous plonger artificiellement dans une ambiance trouvée sur internet au bercement typique de Gambie, ce petit pays d'Afrique de l'Ouest bordé par le Sénégal où vit Sona Jobarteh aujourd’hui et où, non contente de bousculer des traditions séculaires pour mieux les préserver, elle s’est engagée à réformer le système éducatif.

 

Je pense qu'il y a une connexion directe,entre les taux de migrations, de pauvreté et le manque d’éducation (...) Il y a un nombre incalculable de gens qui passent 15 ans à étudier et qui se retrouvent avec un bout de papier complètement inutile dans un pays qui n’a ni l’électricité, ni l’eau courante. La seule chose que vous pouvez faire, c’est quitter le pays et tenter votre chance ailleurs. Donc il y a un lien de cause à effet, comme si nous piégions les gens sur une trajectoire qui mène forcément à l’échec (...) Ce qui distingue l’école que j’ai créé, ce n’est pas forcément le diplôme, qui ne représente rien.  Ce que les étudiants obtiennent, c’est de ne pas quitter l’institution avant d’avoir trouvé une place sur le marché et d’être en capacité de travailler (...) C’est vraiment le but de mon académie : rendre les étudiants fiers et responsables du développement de leur nation, plutôt que de nourrir l’impatience de l’abandonner.

Mais non, en ce matin venteux du mois décembre, nous allons juste vous inviter à vous mettre au chaud et à vous installer confortablement dans le lobi d’un hôtel du quartier de Pigalle, au lendemain de son concert à La Cigale, pour converser en toute intimité avec Sona Jobarteh.

Une artiste et une activiste dont le charisme irrésistible nous plongent d’emblée dans un tête à tête qui promet d’être aussi intense que passionné. Il va être question de l’art et de la culture mandingue, de la famille, d’actions pour le changement, mais également et surtout d’unité, le mot que Sona Jobarteh a sans soute le plus employé….

Titres diffusés

Extraits de l’album Badinyaa Kumoo (West African Guild Records – 2022) : « Musolou » ; « Dunoo » feat Musa Filly Jobarteh ; « Kambengwo » feat Youssou N Dour ; « Ubuntu » ; « Gambia » ;  « Meeya » ; « Fondinkeeya »

Extraits de l’album Fasiya (West African Guild – 2011) : « Jarabi » ;  « Mamamuso » ;  « Saya » ;  « Suma » ; « Mamaké » 

Extraits de l’album Motherland – The Score, bande originale du film documentaire Motherland, réalisé par Owen Alik Shahadah (West African Guild Records – 2011) : « Sahel » ;  « Reflections »  

Pour suivre Sona Jobarteh

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Journaliste : Hortense Volle

Traduction et voix française : Melody Linhart

Réalisation : Benjamin Sarralié

Mixage 3D en Dolby ATMOS pour une écoute immersive au casque : Jérémie Besset

Responsable d'unité de production FMM – RFI Labo : Xavier Gibert