M pour Montréal 2015

M pour Montréal 2015
Paupière, M pour Montréal 2015 © M.-H. Mello

Du 18 au 21 novembre 2015, dans encore plus de salles de concert que l’année dernière, la 10e édition du festival M pour Montréal a décidément offert beaucoup de musique locale de qualité à se mettre sous la dent. Oui, il y avait des artistes internationaux (Hudson Mohawke, RJD2), mais ce sont les Québécois(es) qui ont attiré les foules. Reportage.

La plus importante réussite de cette édition anniversaire était le gigantesque concert de l’artiste multidisciplinaire Grimes, qu’on n’avait pas vue "à domicile" depuis belle lurette. Présenté à guichets fermés, le retour au Métropolis de l’excentrique Claire Boucher, qui a fait grand chemin sur la scène internationale en quelques années seulement, était l’un des moments spéciaux les plus attendus. 

Mais saluons surtout la diversité et le dynamisme du contenu local – anglophone, mais aussi francophone – qui figurait à la programmation2015. Sa vitalité a transparu au Club Soda lors d’une soirée indie rock convoitée où les scènes "anglo" et "franco" se rencontraient : tant Plants and Animals que Louis-Jean Cormier (Karkwa) ont offert de généreuses prestations de calibre supérieur. Pendant ce temps, le hip hop était à l’honneur de l’autre côté de la rue, au premier étage du Café Cléopâtre. Dans ce strip-club historique de Montréal, ce sont les populaires rappeurs Dead Obies qui ont animé la fête.
 
Au chapitre des découvertes, se sont imposées les sonorités sombres, minimalistes et hypnotisantes de Jesse MacCormack (à voir bientôt à Bars en Trans), dont le concert a soudain pris une formule inusitée : trois basses et une batterie. Lors de cette même soirée assez hétéroclite, mentionnons aussi le duo électro-pop féminin Milk &Bone (qui vient hélas d’annuler sa tournée en Europe), ainsi que le producteur électronique CRI, qui a livré une prestation audiovisuelle originale et eu la bonne idée d’inviter une chanteuse pour donner un peu de chaleur à son numéro.
 
C’est le trio masqué Ragers et son mélange musclé de rap, de rock lourd et de dubstep qui remporte à la fois la palme de l’étrangeté et celle du spectacle le plus inhabituel, avec une performance spéciale au fond d’une boutique de skateboard du boulevard Saint-Laurent. Et du côté nouvelle chanson francophone, c’est Rosie Valland qui a le plus piqué notre curiosité ; dommage que ses chansons pop-rock (beaucoup plus obscures et porteuses en live que sur album) aient été présentées en périphérie de la programmation principale.
 
Vitrine francophone "Franco M"
 
Cœur de pirate, Malajube, Galaxie… Entre 2006 et 2015, ils ont tous marqué la vitrine Franco M, ce traditionnel samedi après-midi francophone du festival au Café Campus. Et pour souligner le 10e anniversaire de ce volet, M pour Montréal a eu la belle idée de créer une compilation réunissant 10 artistes importants de la décennie (offerte en téléchargement gratuit ici).
 
Cette année, la grande nouveauté de Franco M, dont plusieurs avaient entendu parler, mais que presque personne n’avait encore vue sur scène, était Paupière. Largement influencé par les années 80, rythmique et ludique à souhait, le trio synth-pop androgyne n’a pas déçu avec son charisme, ses mélodies accrocheuses et ses voix hypnotiques.
 
Deux auteurs-compositeurs-interprètes qui ont le vent dans les voiles cette année étaient de la partie : Philippe Brach et Safia Nolin. Brach, récemment nommé Révélation de l’année de l’ADISQ, en a fait rire plus d’un avec son inventive mise en scène et ses interventions bien personnelles. Dans une veine tout autre, l’attachante Nolin a livré, en formule duo guitaristique, les délicates chansons de son premier disque Limoilou, qu’elle s’apprête à défendre pour la première fois en France. Puis le talentueux performeur Pierre Kwenders, qui continue de connaître un franc succès avec son album Le dernier empereur bantou, a conclu cet après-midi francophone avec énergie et pas de danse.
 
Rock local à l’honneur
 
M pour Montréal offrait deux soirées pour les amateurs de rock, menées par des formations reconnues pour leur excellence sur scène. La première s’est ouverte avec deux excellents groupes aux penchants psychédéliques : Corridor et IDALG. Ayant fait ses classes dans les petits bars de Montréal, et jouissant d’un succès croissant, Corridor a réchauffé la mythique Sala Rossa avec les titres ludiques de son opus Le voyage éternel (lancé le jour même en format numérique en France et aux États-Unis).
 
Puis IDALG (mieux connus à Montréal sous : Il danse avec les genoux) ont fait preuve d’assurance, d’énergie et de virtuosité, et ce, quelques jours avant de lancer leur nouvel album Post dynastie. Tout cela, c’était avant l’arrivée attendue du virtuose Yonathan Gat, et des chouchous de la scène montréalaise, We Are Wolves, lors d’un concert qui s’est terminé aux petites heures du matin.
 
L’autre grande fête avait lieu le lendemain dans le Quartier des spectacles. Il était déjà près de 23 heures quand Jimmy Hunt et sa formation Chocolat ont été applaudis sur les planches du Club Soda. Même si le projet est montréalais, on n’a pas assez l’occasion de le voir live depuis la sortie de Tsstss, et on constate que le résultat s'améliore chaque fois. Il fallait aussi constater l’enthousiasme des fans de la première heure, qui connaissaient les morceaux de Piano élégant par cœur.
 
Puis Duchess Says, ce groupe underground culte dont la chanteuse Annie-Claude Deschênes fascine immanquablement. En quelques chansons à peine, la salle de spectacle s’est transformée en énorme fête. Une scène remplie par des membres du public, plusieurs spectateurs surfant sur la foule, et surtout l’indomptable interprète parcourant le parterre dans son état caractéristique de transe… Difficile d’imaginer une finale de 10e édition plus spectaculaire.
 
Site officiel du festival M pour Montreal