Femua 2015, un festival social et citoyen
C’est l’un des grands rendez-vous musicaux de l’année sur la scène africaine. Le Femua, le Festival des Musiques Urbaines d’Anoumabo se tient jusqu’à dimanche 26 avril à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Les organisateurs espèrent rassembler 100.000 personnes en 5 jours. Un événement créé et porté par le groupe ivoirien Magic System, star internationale qui cette année a invité 13 artistes de renom, du Congolais Fally Ipupa, à l’Ivoirien Bailly Spinto, en passant par les Sud-africains de Freshly Ground ou le Malien Habib Koité.
"Feel the magic in the air, Allez, allez, allez, Levez les mains en l'air, Allez, allez, allez". Les enceintes fatiguées d’Oumar Chaïbou crachent les paroles d’un des tubes de Magic System. Le vendeur de vêtements, comme tous les habitants d’Anoumabo, connaît le groupe ivoirien. Le groupe a grandi dans ce quartier pauvre d’Abidjan aux ruelles sablonneuses où les enfants jouent au foot avec un tas de sacs plastiques roulés en boule. Et même si ses musiciens ne vivent plus ici, ils n’ont jamais oublié leurs racines.
Année électorale
Ce 8e Femua englobe aussi une dimension citoyenne. Le festival a pour thème "Intégration et rapprochement des peuples". Un sujet choisi alors que l’Afrique connaît une année électorale très intense avec des scrutins au Togo, au Bénin, en RDC, au Burkina, en Guinée et même en Côte d’Ivoire. Avec déjà des manifestations dans certains pays, des débats houleux autour de possibles modifications constitutionnelles pour maintenir certains chefs d’état au pouvoir, 2015 est une année à risque pour l’Afrique. "C’était important pour nous de passer par la musique pour apaiser ces tensions. La musique est un facteur de rassemblement. Donc, on profite de ce canal pour passer le message de paix, de cohésion sociale et du vivre ensemble", indique A'Salfo.
Un message auquel les artistes sont sensibles, notamment les Sud-Africains de Freshlyground, dont les membres sont blancs et noirs, Sud-Africains, mais aussi Zimbabwéens et Mozambicains. De classe internationale, ils avaient été choisis avec la Colombienne Shakira pour interpréter la chanson officielle de la Coupe du monde de football 2010, organisée dans leur pays.
"La musique est une arme puissance pour amener la paix, tant qu’on en fait bon usage, car vous savez le message musical est parfois orienté pour faire le mal. Je suis convaincue que les musiciens peuvent avoir un rôle dans la construction de la démocratie. Notre groupe a eu la chance d’être vu comme un exemple d’unité, à l’époque où notre pays avait besoin d’harmonie. Ce n’était pas notre but d’incarner cette image, mais nous sommes heureux d’être considérés comme ça", raconte la chanteuse Zolani Mahola, alors que son pays est ensanglanté par des violences xénophobes depuis plusieurs semaines. "Une grande honte", estime l’artiste, le visage sombre.