Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, l’Épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du XXe siècle : La Black Music ! À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui.
Réalisation : Nathalie Laporte
Retrouvez la playlist de l'Épopée des musiques noires sur Deezer
Le samedi vers toutes cibles à 14h30, vers Afrique haoussa à 21h30
Le dimanche vers Afrique lusophone à 17h30, vers Prague à 18h30, vers toutes cibles à 22h30. (heures de Paris)
Chris Isaak, fervent défenseur du rock’n’roll originel
Le guitariste et chanteur américain, Chris Isaak, livrait une prestation enlevée et pleine d’humour le 2 juillet 2023 à Montreux, en Suisse. Son répertoire teinté de country-music et de rock’n’roll a charmé les spectateurs qui ont pu acclamer ses grands classiques (Wicked Game, Blue Hotel, Baby did a bad bad thing…) mais aussi plusieurs œuvres immortalisées par Elvis Presley ou Roy Orbison. Une conversation avec ce fervent défenseur du patrimoine musical originel s’imposait donc !
Il y a 12 ans, Chris Isaak s’offrait le luxe d’enregistrer un album dans les fameux Studios Sun de Memphis où le rock’n’roll vit le jour dans les années 50. De nombreux artistes firent leurs premiers pas au 706 Union Avenue, une adresse devenue légendaire qui vit passer Ike Turner, Johnny Cash, B.B King, Howlin’ Wolf, Jerry Lee Lewis et le King Elvis, entre autres… On a souvent glosé sur les propensions mercantiles du producteur Sam Phillips qui, dit-on, avait flairé le bon filon en exploitant un répertoire issu du patrimoine africain-américain interprété par des musiciens blancs en pleine ségrégation raciale. Il est certain que ses choix artistiques ont pu être dictés par des considérations économiques mais il serait réducteur d’affirmer que Sam Phillips n’avait aucune considération pour les pionniers du rhythm’n’blues. Nombre d’instrumentistes noirs ont habité les lieux par leur mélodies originelles. Chris Isaak rappelle d’ailleurs que le rock’n’roll est l’addition de plusieurs cultures musicales.
« Il s’agit, sans aucun doute possible, d’une musique afro-américaine. Il y a un rythme blues imparable qui provient de la communauté noire. Cependant, vous êtes sourds si vous n’entendez pas les influences de la country-music dans le rock‘n’roll originel. Elvis Presley a chanté beaucoup de blues mais aussi de la country-music pure ». (Chris Isaak au micro de Joe Farmer).
La ville de Memphis a, en effet, été le carrefour de différents idiomes importés par des générations de visiteurs. Le Blues, le Gospel, le Jazz, la Soul-Music, la Country-Music ont donné des couleurs au paysage sonore de cette cité historique du Tennessee. Le Californien Chris Isaak, né bien loin des terres sudistes, a pourtant toujours nourri son inspiration de cette humeur country-blues métisse qu’il chérit avec conviction. « J'ai grandi en écoutant cette musique. Il devait y avoir une dizaine d’albums vinyles que je me repassais en boucle quand j’étais petit à la maison. C’étaient les disques d’Elvis Presley, Jerry Lee Lewis, Roy Orbison, Johnny Cash, Carl Perkins, et nous les écoutions constamment en famille. Disons-le franchement, je suis un grand amateur de musique, j’ai toujours voulu enregistrer de la pop et du rock mais j’ai longtemps hésité car je ne me sentais pas capable de me mesurer aux légendes d’autrefois. D'ailleurs, pendant plus de 20 ans, j’interdisais à mes musiciens d’interpréter des chansons d’Elvis sur scène. Je ne voulais pas me retrouver piégé et je préférais chanter un répertoire original. C’est la raison pour laquelle vous connaissez des chansons comme « Wicked Game ». Elles ont, certes, une humeur surannée mais elles restent des chansons pop. C’était mon intention de départ. Si vous n’êtes pas capables de créer quelque chose de neuf, même inspiré du patrimoine ancestral, à quoi bon ? ». (Chris Isaak, le 2 juillet 2023)
Se plonger dans la discographie de Chris Isaak, c’est remonter dans le temps avec les oreilles du XXIè siècle. Son concert à Montreux, le 2 juillet 2023, en fut un bel exemple et la preuve indiscutable de l’intemporalité du rock’n’roll. Il nous a promis un album de blues pour les mois à venir… Nous trépignons déjà d’impatience !
⇒ Le site de Chris Isaak.
