Hyphen Hyphen, trait d'union pop

Hyphen Hyphen, trait d'union pop
Hyphen Hyphen, Francos de La Rochelle 2015 © B. Brun

Les jeunes Niçois d'Hyphen Hyphen arriveront à la rentrée dans les bacs avec leur premier album, Times, mais grâce à leur "pop" progressive, ils sont déjà une révélation scénique de la saison des festivals d'été. Rencontre avec la tornade blonde Santa, la bassiste Line, et (re) découverte de ce groupe explosif à l'occasion des dernières Francofolies de La Rochelle.

Le souvenir que l'on avait gardé était celui de leurs premières tournées. On pouvait difficilement soupçonner qu'ils n'en étaient qu'à leur début tant ils occupaient l'espace. Quelques saisons plus tard, revoici donc Hyphen Hyphen avec cette évidence d'avoir affaire à un véritable groupe de scène. "Dans un concert, on a envie d'une communion, c'est un peu une messe. On est là pour se transcender, pour libérer tout ce qu'on a, et en même temps, pour libérer les gens, les élever ailleurs (sic)", explique la chanteuse Santa. Il faut imaginer une tornade blonde avec des gros traits de maquillage sur le visage et les bras, et autour d'elle, trois acolytes grimés eux aussi. Au bout du compte, un groupe qui groove. 

Né "juste après le lycée" et entré très tôt dans les radars des découvreurs de talents, Hyphen Hyphen –"trait d'union, trait d'union" en anglais- a affiché dès ses débuts, la ferme intention de faire carrière avec sa musique. "Au-delà de nos influences communes, qui sont pop, il y a toujours un enjeu, quelque chose d'important dans notre musique : cette idée d'exister dans quelque chose qui nous dépasse. Ce qui nous réunit, c'est l'envie de faire de grandes chansons universelles, fédératrices", poursuit la même Santa.
 
Tout faire sur ordinateur
 
Le temps où la chanteuse aux origines américaines, la bassiste Line, et leurs alter ego masculins, Zacharie à la batterie et Adam à la guitare et aux claviers, posaient pour une marque de vêtements appartient désormais au passé ; c'est avec Times, son premier album qu'Hyphen Hyphen arrivera sur les plateformes de téléchargement et dans les bacs à la rentrée. Influencé par les Américains de LCD Soundsystem, de Klaxons, le duo The Shoes mais aussi par une montagne de musique allant "de Katy Perry à Nina Simone", le groupe originaire de Nice, dans le sud-est de la France, fabrique une musique plutôt taillée pour les grandes scènes.
 
Ce qui contraste ici, c'est la présence soul de Santa et une tonalité générale électropop, glacée. En anglais dans le texte, Times est surtout la somme de vie de ces jeunes gens ayant la musique à portée de clics. "Tout le monde compose derrière son ordinateur. On propose une maquette et on se l'échange, jusqu'à avoir quelque chose de consistant, qu'on aime à quatre. Après cela, je pose une mélodie dessus", décrit Santa.
 
"C'est très enrichissant de travailler comme ça", sourit Line. Les 12 chansons pour "peut-être 200 maquettes" ont vu le jour pendant une longue année durant laquelle Hyphen Hyphen s'est entièrement consacré au travail de studio, sans producteur, mais épaulé au mixage par des pointures comme Julien Delfaud et Antoine Gaillet (1).
 
L'électronique, très présente, a paradoxalement été obtenue "sans synthétiseurs", mais avec des instruments traditionnels (guitare, basse, batterie, piano, violon) passés dans les machines. Il en résulte un disque progressif au confluent de l'indie pop et d'un rock plus commercial, avec des tubes évidents (Cause I got a chance, The fear is blue) et d'autres chansons beaucoup moins faciles d'accès.
 
Et s'il fallait encore convaincre du bien-fondé de cette démarche ? Santa conclut : "On a fait ce disque avec toute notre âme qu'il faut que ça explose. On veut le partager." A voir cette diablesse sur la scène découverte des Francofolies de La Rochelle, on ne doutait pas une seconde de sa sincérité.                                                                                             
 
Hyphen Hyphen Times (Parlophone) à paraître le 18 septembre 2015
Page Facebook de Hyphen Hyphen
 
(1) Julien Delfaud a travaillé comme producteur pour Woodkid et compositeur pour Gaëtan Roussel, le chanteur de Louise Attaque, tandis qu'Antoine Gaillet a notamment œuvré sur l'album Løve de Julien Doré.